
Le journal d'un fou
pour deux tambours chinois et électronique
Yi Chen | 2019 | 14’00 | HEM Genève
Composition : Qingqing Teng
Percussion enregistrée : I-Chien Hsieh
Voix enregistrée : Jingchao Wu
Création à Lyon, Salle Varèse, CNSMD de Lyon, le 27 juin 2017 lors de Récital de master de I-Chien Hsieh
Le journal d’un fou est inspiré du journal d'un fou, nouvelle de l'écrivain Lu Xun, première œuvre de la littérature chinoise moderne écrite en chinois vernaculaire.
La nouvelle se présente sous la forme d'extraits d'un journal rédigé par un jeune homme atteint de délire de persécution, persuadé que son entourage , voisins et famille, est composé de « mangeurs d'hommes ».
À la lecture d'un livre d'histoire, rempli des mots « Bienveillance, Justice, Voie et Vertu » (les vertus de l'humanisme classique), le fou supposé découvre « écrits partout entre les lignes sur toutes les pages, d'un bout à l'autre du volume, les mêmes mots toujours répétés : « manger de l'homme ». Persuadé que son propre frère a mangé sa petite sœur morte à l'âge de cinq ans, croyant comprendre que depuis plus de quatre mille ans les hommes se dévorent entre eux, le fou en vient à se demander s'il n'est pas lui-même devenu cannibale à son insu . La nouvelle se termine sur ces mots :
« S’il y a encore des enfants qui n’aient pas mangé de l'homme ? Sauvez- les !... ».
Le texte entendu dans l’oeuvre à été enregistré par la compositrice, en chinois. Ce sont les paroles que l’on retrouve dans l’histoire et qui sont répétées dans l’oeuvre en étant mises en valeur par une spatialisation multipistes dans l’espace de la salle de concert. Qingqing Teng tente de dépasser les références culturelles associées aux instruments traditionnels chinois en explorant de nouvelles sonorités par des modes de jeux qui étendent les possibilités de l’instrument. Ici, les tambours chinois sont préparés avec des ressorts de caisse claire et une peau de timbale, ainsi qu’augmentés par la partie électronique qui utilise des sons issues d’une batterie électronique.
Le percussionniste sur scène est le fou, la partie électronique, ce sont les gens de la ville qui ont mangé de l’homme, mais qu’en est-il de nous, de moi ? Un fou, mais peut-être aussi un cannibale en ville !